Entretien avec une pionnière

Parfois, c’est justement en restant petit que l’on peut grandir

Zeinab Rerhioui gère avec sa sœur le salon de coiffure et de beauté malinois Organic Beauty Salon. Alors que la première s’occupe de la partie coiffure, la seconde se charge de la section beauté. Fondé en 2012, le salon a dès ses premiers jours travaillé exclusivement avec des produits naturels. Un choix qui, à l’époque, était loin d’être une évidence. Entretien avec une véritable pionnière.

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles Zeinab a résolument opté pour les soins organiques. « J’avais découvert les produits organiques pendant mon stage et j’avais directement été conquise. Je réagissais en outre très mal aux produits chimiques auxquels j’étais confrontée pendant mes études. S’ajoute à cela mon amour et intérêt pour les herbes et épices. Je suis d’origine marocaine et dans ma culture, on utilise toujours beaucoup plus d’herbes aromatiques. La décision de n’utiliser que des produits naturels dans mon salon a donc coulé de source. Ce n’était pas pour autant un choix facile, car en 2012, cette pratique n’était encore pas du tout dans les mentalités. La prise de conscience quant à l’impact sur la santé n’était pas du tout celle qu’elle est aujourd’hui. Les affaires n’ont donc pas tout de suite été florissantes, pour employer un euphémisme… (rires). Personne n’attendait impatiemment l’ouverture d’un salon de coiffure travaillant exclusivement avec des produits naturels ou des traitements organiques. »

McDonald's

Les origines néerlandaises de Zeinab, qui n’a donc pas grandi à Malines, ont constitué un autre écueil : « Je n’avais aucun réseau dans la ville et à l’époque, on ne disposait pas encore des moyens actuels pour faire sa pub. C’était encore le temps des flyers et des cartes de visite (rires). Tout ceci a eu pour conséquence que les premières années, j’ai vraiment dû lutter pour joindre les deux bouts. Au début, je n’avais qu’un client par mois. Après mon travail au salon, je travaillais encore jusqu'à minuit au McDonald's pour pouvoir payer le loyer. Beaucoup de personnes de mon entourage pensaient que j’étais folle, mais j’étais décidée à persévérer. J’étais absolument convaincue que mon business allait devenir un succès et que ce n’était qu’une question de temps. Je suis heureuse d’avoir tenu bon ! »

Papier aluminium

Quand on voit l’engouement actuel pour les produits organiques, on peut sans hésiter affirmer que Zeinab a été une véritable pionnière. Mais son approche dépasse l’utilisation de produits et marques organiques. « D’autres salons utilisent les mêmes marques que moi, mais en adoptant une tout autre philosophie », explique Zeinab. « La mienne se reflète aussi dans la manière dont je travaille. Je n’utilise par exemple pas de papier aluminium. Cela implique que mes colorations durent un peu plus longtemps, mais les cheveux en ressortent renforcés. Par ailleurs, j’établis un plan par étapes pour mes clientes afin de rendre leurs cheveux plus sains. Mon approche organique a aussi déjà aidé d’innombrables personnes souffrant de problèmes au niveau du cuir chevelu. Ma philosophie va donc bien plus loin que l’unique utilisation de produits organiques. »

Remise au goût du jour

En septembre de cette année, Organic Hair a été entièrement rénové et réaménagé sous un tout nouveau look. « Maintenant, l’apparence du salon correspond mieux à la nouvelle image de marque que nous avons déployée il y a quelque temps, avec un nouveau logo, etc. Cela ne fait aussi pas si longtemps que nous avons notre propre site web et compte Instagram. Sur les réseaux sociaux, je table énormément sur l’authenticité, et ça marche, car c’est justement parce que les publications ne sont pas si léchées que mon salon sort du lot. Je trouvais aussi que l’intérieur du salon ne correspondait plus à l’état d’esprit dans lequel les clientes le quittaient. Nous avons donc adapté l’atmosphère au nouveau logo et au sentiment que nous voulons transmettre et faire naître par le biais de nos services. Je suis très satisfaite du résultat : maintenant, tous les aspects du salon forment un tout cohérent. »

Benelux

Malgré le succès de son salon, Zeinab n’envisage pas tout de suite de faire grandir son entreprise. Elle veut avant tout poursuivre dans la voie qu’elle a tracée. « Les gens viennent vraiment des quatre coins du Benelux », confie-t-elle. « J’ai des clientes de Bruges, de Courtrai, de La Haye, de Bruxelles… Toutes me demandent si je ne veux pas ouvrir un deuxième salon dans leur ville (rires). Mais ce n’est pas mon ambition. Parfois, c'est justement en restant petit que l’on peut grandir. Je veux simplement aiguiller un maximum de gens sur la voie de cheveux plus sains et continuer à les aider à se sentir mieux dans leur peau. Pour moi, mon métier ne se limite pas à couper les cheveux. Avec chaque cliente, je prends le temps de discuter, de parler de la vie… Ça me rend heureuse. Je préfère avoir une cliente qui sort de mon salon avec un bon sentiment, que vingt qui me laissent un sentiment vide. C'est une vision que je veux conserver à l’avenir. Qui sait, peut-être que j’ouvrirai un deuxième salon un jour, mais pour le moment, ce n’est pas du tout parmi mes priorités. »